Tendances P/E 2025 sous la loupe
- emmanuellehutin
- 13 mars
- 3 min de lecture
Comprendre comment l’actualité se reflètent sur les runways me passionne. C’est une passion que j’ai partagée il y a peu avec des experts en style d’une grande maison de couture. Pourquoi c’est important qu’ils connaissent les tendances ? Parce que leurs client.e.s arrivent avec des désirs, conscients et inconscients. Conscients dans leurs envies de « hot pieces », ce qui est à la mode et qu’on voit partout. Inconscients parce qu’iels sont attiré.e.s par une tendance plutôt qu’une autre selon les valeurs et les concepts que la tendance véhicule.
Je suis aussi convaincue que « la forme forme ». Accompagner des personnes dans l’expression de leur style revient à les accompagner dans l’affirmation de soi. Tout vêtement parle de soi, même le plus neutre. Certains nous aident à franchir le pas vers ce qu’on aspire à être mais qu’on n’arrive pas totalement encore à manifester. Et porter cet aspect de soi revient déjà à endosser le costume et petit à petit le rôle.
« La mode participe non seulement à la redéfinition contemporaine des rôles des sexes et au remodelage des identités sexuelles, mais elle constitue en ces domaines l’élément décisif et joue un rôle moteur » Frédéric Monneyron, Sociologie de la mode
Alors que nous dit la mode Printemps/Eté 2025 ? Revue de tendances :
Transparence : elle défile depuis plusieurs saisons déjà, si bien que la répétition l’a presque normalisée. (L’esprit et l’œil peuvent-ils s’habituer à tout à force de matraquage ? Oui ! Pour le pire et le meilleur…) Loin de l’ultra provocation des fashion weeks précédentes, ce sont des néo essentiels qu’on nous propose pour ce printemps. Des basiques mais transparents. (Hermes, Khaite, Chanel) En quoi est-ce une bonne nouvelle ? Parce que c’est subversif sans être agressif. C’est une façon d’assumer avec force une certaine vulnérabilité. Encore un paradoxe de la mode…
Mini mini : on laisse de côté la provocation des looks « en culotte seulement » qui dans la vraie vie n’a pas convaincu grand monde mais on garde l’envie de court. Mini jupe ou micro shorts, les jambes se montrent. Apanage de la jeunesse depuis les 60’s et la création de la mini skirt par Mary Quant, faut-il voir dans cette tendance l’idée que la mode est et sera toujours fascinée par la jeunesse malgré les tentatives de donner de la visibilité aux femmes matures ? Je vous laisse décider…
Je vois le court comme un acte fort de réappropriation et j’admire dans la rue toutes celles qui osent. Look but don’t touch. C’est pourtant clair.
Une manière d’embrasser cette tendance est de suivre l’esprit sport chic associé, comme sur les défilés. Oui à la mini jupe mais avec un blouson sport ou un polo comme chez Patou, Isabel Marant, Gucci, Prada…) Les codes du sportswear ont ce génial mérite d’offrir une totale liberté aux corps, non seulement dans le mouvement mais aussi dans leur place dans l’espace public.
Après des années de télétravail, aller au bureau se pare d’un certain réenchantement. Really? En tout cas, c’est ce que la mode veut nous faire croire en réinventant l’office wear. Total look costume cravate, nouveaux tailleurs jupes, blouson sur veste, fusion du pantalon et de la jupe (voir à ce sujet mon article Yes we skant), pantalon asymétrique…qu’il est bon de se balader dans l’openspace avec des looks aussi inspirants. (Saint-Laurent, Stella McCartney, The Row, Bottega Veneta, Loewe…). Vous ne remarquez rien? Si! Les épaules sont extra larges. J’en parlais déjà en septembre 2023 (lire ici). Il faut croire que le backlash généralisé sur les droits des femmes inspire les créateurs.trices à nous offrir les armures pour faire face au monde. Est-ce que cette tendance est et sera dans la rue ? Oui, oui, oui ! On en a besoin et ça nous laisse en plus d’infinies possibilités de style, dans une totalité fluidité entre la mode masculine et féminine.
Mais la mode n’est pas à une injonction contradictoire près et, face à ces femmes armées d’élégance et de carrures prêtes à en découdre, elle nous propose des jupes boules, néo crinoline et volants romantiques. Ou l’archétype de la jeune fille, inoffensive et éthérée.
Faut-il choisir son camp ? Oui, chaque matin. Et en changer le matin suivant. Car si la mode peut sembler contraindre le corps et la vie des femmes, elle nous offre l’infinie liberté d’embrasser toutes les facettes de notre être, sans rien s’interdire.

Je finis sur ces looks qui ne cessent de m’interroger. Que peuvent-ils bien refléter de l’actualité… ;)
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