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L'échappée belle


En 2002, ma famille m’offrait un magnifique blouson de motard en cuir pour fêter mon diplôme de fin d’études. Quelques mois plus tard, je le laissais à regret pour un long voyage backpack en Amérique du Sud. En 2004, je ne le quittais plus et on me disait « elle est cool la future maman avec son cuir ». Bien évidemment il ne fermait pas sur mon gros ventre, m’obligeait à accumuler les pulls en dessous quitte à ne plus pouvoir lever les bras, mais je ne portais rien d’autre. La mode rock n’était pas encore banalisée, The Kooples n’existait pas, et on rêvait toutes devant le trash chic de Kate Moss.   

 

Aujourd’hui, tandis que la tendance #bikercore revient en force, j’analyse mon obsession d’alors un peu différemment. Je la vois non seulement comme une envie de suivre l’air du temps mais peut-être aussi comme un désir inconscient de lutter contre le conformisme que CDI/couple/bébé/famille/poussette/dej du dimanche auguraient. Comme une envie de prendre la tangente…

 

En effet, le #bikercore fait l’apologie, comme rien d’autre, d’une aspiration à la liberté et à l’échappée. Mais ce n’est pas une fuite romantique ou calme qui pourrait suggérer un retrait du monde dans un ashram ou milieu d’une forêt primitive. Non, le trip en moto c’est le rejet, la rébellion, le cool absolu de celui ou celle qui refuse les codes bourgeois pour vivre de cuir, d’asphalte et de vitesse. C’est comme un doigt d’honneur montré et répété partout où la moto roule.

 

À une époque où collectivement on a l’impression que rien ne va plus, que tout s’écroule et que ce qui se reconstruit est pire, est-ce étonnant de voir éclore cette tendance #bikercore ? Blousons en cuir xxl ou ultra fitté, pantalons à empiècements, du noir et des couleurs primaires, les pièces ne passent pas inaperçues et affirment instantanément l’implacable coolitude et saturation du moment. Beaucoup de marques s’en sont emparé pour l’hiver 2024. Khaite, Louis Vuitton, Prada, Sacai, Erdem, Chloe…sans parler des marques qui ne défilent pas. Dior en avaient fait le thème de sa collection hiver 2022. tandis que Saint-Laurent pour l’hiver 2023 faisaient défiler des blousons en cuir oversize. La chanteuse Rosalia en est devenue l’icône avec la couverture de son album Motomami.



 En street style, c’est moins littéral et certaines (peu) ont des idées bien inspirées où une maille ultra féminine vient temporiser le #bikercore.


Et mon blouson en cuir dans tout cela ? Il va bien, merci. Il s’est joliment patiné, est souple et craquelé comme jamais et se réjouit d’être porté avec une jupe crayon ou une robe en maille ultra fine. Et de faire du vélo électrique.

 

Ça vous donne envie de rider ?

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