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Je persiste et signe, Dior Homme par J.W. Anderson

Dernière mise à jour : 30 août


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Dans le texte qui accompagne la première collection Dior Homme par Jonathan Anderson, il est écrit « laissant l’empathie définir l’allure ». Quelques mots au sein d’un long texte qui raconte les différentes inspirations du designer tout juste arrivé à la Direction Créative de Dior. Bien sûr, il est passionnant de comprendre sa fascination pour la mode masculine du 18ème et 19ème siècle, de savoir qu’il s’est inspiré d’une robe Haute Couture de 1948 pour les multiples panneaux des shorts cargo, de deviner l’influence de Basquiat dans le nœud des cravates en denim.

 

Mais ce qui me reste est cette idée : laisser l’empathie définir l’allure. Je ne sais pas encore très bien ce qu’elle sous-entend.


Déjà, je m’enthousiasme pour la subtilité avec laquelle Anderson réinvente la façon de porter les choses ensemble. Le gilet se porte ouvert sur un jean usé et des baskets défaites, la cravate 19ème est seule pour habiller le torse ou se porte sur un pull brodé de petites roses, la veste queue de pie s’associe à des sandales méduses. Et ainsi de suite, chaque look navigue entre un chic formel et une nonchalance impertinente. (d’aillleurs ils défilent tous les mains dans les poches).


Pour Anderson, l’histoire est celle de jeunes garçons qui trouvent de vieux costumes dans une malle. Il parvient, avec grâce et magie, à retranscrire la spontanéité avec laquelle ses jeunes garçons piochent et enfilent les pièces sur ce qu’ils portaient déjà. C’est romanesque tout en restant léger, c’est nouveau sans forcer, c’est décalé avec naturel.

L’allure est résolument belle et moderne et désirable. Pour les hommes comme pour les femmes, et ça n’en est pas moins un des prodiges d’Anderson.


Mais l’empathie dans tout cela, en quoi définit-elle l’allure ?


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Je la vois dans l’esprit curieux qui se penche sur le passé, se demande comment ils vivaient avec leur redingote et leurs gilets, et qu’est-ce que ça ferait de porter cela aujourd’hui.

Je la vois dans l’envie de se lier aux autres, de raconter, par ce qu’on porte, les livres qui nous ont plu, de montrer sa  liberté dans la façon de porter les choses et peut-être ainsi de donner envie aux autres d’embrasser cette même liberté. Je la vois dans les associations intuitives des pièces où les règles cèdent devant le plaisir de se laisser guider par les couleurs, les matières, les détails. Je la vois dans les silhouettes qui se font miroir du désir des autres, qui se font invitation à entrer dans le jeu. « Moi aujourd’hui, je suis ce personnage. Et toi, tu es quoi ? Allez, viens on joue ! »

C’est sérieux et léger, c’est essentiel et insouciant. C’est l’allure et la beauté de ceux qui croient aux illusions comme les enfants et les fous, disaient Claude Cahun, avec cette intensité qui propage joie et fraicheur. 

Alors, à Jonathan, je dis « Encore ! ».


Pour lire tout le bien que je pensais déjà de son travail pour sa marque éponyme et LOEWE, c'est ici.

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