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Écrire la Mode

Dernière mise à jour : 31 août

Presque trois ans d’existence et pourtant cette Chronique du Style n’a pas encore accueilli d’articles sur les livres de mode. Cela rassemble pourtant mes deux activités principales et chaque mission auprès des marques démarre par une plongée dans ma bibliothèque, autant pour la création de moodboards que pour nourrir un territoire de marque d’une pensée philosophique et sociologique.

 

Je remédie à cet oubli en vous présentant aujourd’hui deux livres.

 


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« Indémodables, Le répertoire de ce qui fait la mode » de Hayley Edwards-Dujardin (ed. Chêne) est une bible incontournable. Le livre se présente comme « une histoire de la mode qui inventorie et décrypte 78 essentiels du vestiaire contemporain, 60 créations iconiques et 22 styles emblématiques. » Et  le portrait de 52 créateurs.

 

Chaque élément du vestiaire est raconté sous l’angle de ses origines et de son discours politique et culturel. Si les 60 créations iconiques comme la saharienne d’Yves Saint Laurent ou la jupe pour homme de Jean-Paul Gaultier couvrent principalement la mode occidentale, les essentiels du vestiaire incluent des vêtements non occidentaux et rappellent le métissage de la mode.

On y apprend que le bikini, créé à l’été 1946 en même temps qu’un essai atomique dans l’atoll Bikini dans le Pacifique, a été accepté seulement dans les années 60 grâce au film James Bond 007 contre Dr No dans lequel Ursula Andress émerge de la mer dans un deux-pièces ivoire devenu iconique.

On apprend aussi que le bleu de travail date de l’entre-deux guerres, quand les dockers algériens puis français découvrent le costume indigo des marins chinois et adoptent ce vêtement fonctionnel et léger. Après-guerre, ce « bleu de Shanghai » n’est fabriqué qu’à Alger ou Marseille. À ne pas confondre avec la veste Tang avec col mandarin et boutons brandebourgs qui est adoptée par le parti nationaliste chinois en 1929 avant de devenir dans les années 60 en France un symbole de mode antibourgeois.

 


Vous connaissez le style Glam-rock, Hippie ou Sapeur ? Mais connaissez-vous le style Zooters, Blitz kids ou Peacoks ? Dans ce livre, vous saurez tout sur ces styles, où ils sont nés, par qui ont-ils été portés, quelles en sont les attributs et les films, clips, défilés qui y font référence.

 

J’aurais adoré écrire ce livre génial qui réussit le pari de l’intemporalité, de l’inclusion et d’une quasi exhaustivité. (Même si je n’aurais sans doute jamais réussi à faire des choix - le boléro, par exemple, n’y est pas)

 



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Parmi mes livres mode préférés, celui-ci m’a été offert par une personne aussi experte que sensible. (spéciale dédicace ;)

Catalogue de l’exposition éponyme au Victoria & Albert Museum (Londres), le livre « Fashioning Masculinities: The Art of Menswear » propose une exploration visuelle et historique de la mode masculine, de la Renaissance à aujourd’hui. L’ouvrage est structuré en trois parties :

  • Undressed : le rôle du corps et du sous-vêtement dans la construction de la masculinité.

  • Overdressed : la bravade vestimentaire comme expression de pouvoir.

  • Redressed : déconstruction de l’uniforme masculin moderne, notamment le costume noir

 

On parle souvent de la mode féminine comme vecteur d’émancipation. Ce livre permet de remettre en lumière la façon dont la mode masculine a également ce rôle tout en explicitant le contexte historico-culturel. Quand Jean-Paul Gaultier fait défiler en 1997 un homme en blazer et sari indien, il s’agit de bien plus que d’un simple jeu entre le masculin et le féminin. L’association vient interroger directement les codes du pouvoir pendant l’époque coloniale durant laquelle le tayloring (à l’anglaise donc) était synonyme de pouvoir tandis que le drapé et la fluidité propres aux habits traditionnels indiens représentaient les dominés.

 

Peintures du 17ème et 18ème, photographies artistiques et documentaires, l’ouvrage est magnifiquement illustré et les textes proposent des analyses détaillées. Il ne lui manque qu’une dimension plus contemporaine, notamment sur la question queer.



NB: l'image de couverture vient du compte Liyabrairie

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