Shocking or not (really) shocking? (mode x surréalisme: Schiaparelli)

Difficile de ne pas mentionner Schiaparelli quand on parle de mode surréaliste. La chose est tellement évidente que des images suffisent à en rendre compte.

Elsa Schiaparelli collabore avec de nombreux autres artistes comme Cocteau, Van Dongen, Man Ray et épouse l’esprit libertaire propre aux années 30.

Masi  ce qui a marqué le style de Schiaparelli de manière irrévocable, c’est la collaboration avec Dali dont le surréalisme est trop extrême pour laisser le moindre doute. Au point que sa radicalité gênera les surréalistes eux-mêmes qui finiront par l’exclure du mouvement.

Mais avant cela, il aura l’esprit de créer pour Schiaparelli un poudrier compact en forme de cadran de téléphone puis la célèbre robe homard portée par Wallis Simpson, duchesse de Windsor. Plus tard, il y aura également la broche bouche surdimensionnée et le chapeau chaussure. Tout ce qui œuvre à déjouer la raison.

Aujourd’hui, le designer de Schiaparelli, Daniel Roseberry, est d’une fidélité totale à l’esprit surréaliste des origines. Collier oeil, boucles d’oreilles bouche, sac nez, escarpins orteils, robes poumons, cabas torse…quoi d’autre ? A-t-on fait le tour de l’anatomie ? L’ensemble bien doré pour être sûr qu’on ne manque pas le message.

Après le homard et l’abeille, il y eut aussi récemment des robes à tête de félins empaillés, aux ailes d’oisaux, le colliers crabe, la jupe poisson, la combinaison zèbre, le plastron huitres…quoi d’autre ? A-t-on fait le tour du bestiaire ?

L’hommage est trop littéral à mon goût et en devient anti-surréaliste. L’esprit surréaliste viserait au contraire à détourner cet héritage, à s’affranchir du déjà fait pour inventer une réalité inédite. Puisque si le surréalisme ne peut pas souffrir une chose, c’est bien le conformisme.

Pourtant j’aime les créations de Roseberry pour Schiaparelli. Les coupes ultra structurées de son tayloring sont parfaites. L’architecture de ses robes défie la gravité. Les textures sont à la fois sublimes et déroutantes. Les allures vous donnent envie de basculer de l’autre côté du miroir. Certaines silhouettes sont à proprement parlé hallucinatoire.

Je déplore juste que la recherche de buzz médiatique et les stratégies de communication "ADN de marque" mènent à un manque de subtilité qui perd l’esprit de la marque.

Allez, soyons surréaliste ! Le rêve est à portée de cils.