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La démonstration de style de Matthieu Blazy pour Bottega Veneta

Dernière mise à jour : 6 déc. 2023

Quand je lis dans une interview de Matthieu Blazy qu’il a demandé à son studio « C’est quoi Bottega ? Pas les formes ou l’image. Simplement l’essence de la marque ? », je me dis que cela pourrait être une définition de mon métier de stratégie style.


Essayer de dessiner les contours de cette essence. Avec des mots, parce que nommer les choses les font exister. Mais pas trop, car une essence diluée devient fade et insipide. Avec quelques images aussi, pour ancrer cette essence dans la réalité et les réalisations de la marque. Mais pas trop, car c’est un autre travail que de créer produits et images qui puiseront dans l’essence.


Matthieu Blazy parle d’essence, je parle souvent d’esprit. Deux mots qui se ressemblent et qui évoquent la même intangibilité du style. Et c’est toute la beauté du jeu : arriver à capter, décrire et partager l’implicite.


Si je me prête à l’exercice pour Bottega Veneta, je dirais que le style mélange une grande sophistication à une nonchalance assez inédite. Inédite car, contrairement à beaucoup d’autres marques, cette nonchalance ne s’inspire pas du cool, street ou sportswear, mais d’une fantaisie retenue. Comme un plaisir enfantin à surprendre, une liberté à faire un pas de côté avec une espièglerie qui fait sourire. C’est l’adulte et l’enfant réuni dans la même silhouette, les apparences parfaites de l’adulte puis de près l’esprit de l’enfant. C’est un pantalon en cuir qui ressemble à un jean. C’est un plissé qui dépasse d’une robe comme si la doublure était mal ajustée. C’est un grand volume mais dans une matière hyper légère. C’est l’anse unique d’un sac tressé qui se porte comme un sac de marin. C’est un pantalon à pince qui se casse à l’intérieur d’une languette XXL de mocassins. Ou encore des franges qui s’échappe de sous une sage jupe en cuir.


Une silhouette qui échappe au banal et à l’ennui par ces détails inattendus. Une silhouette signée car le savoir-faire de Bottega permet une sophistication extrême. Du cuir, des coupes, des couleurs.


Partager le style permet de s’approprier les produits avec justesse et sans coller absolument aux looks du runway. C’est comprendre que la chemise en cuir façon flannelle avec la jupe à frange, ça ferait « trop ». Ou que le pantalon à pince avec de simples baskets ça ferait « pas assez ».


Vous l’avez compris, je suis fan. Je trouve cela beau. Peut-être parce que cette beauté parle aussi à mon esprit, qu’elle me semble à la fois saisissable et insaisissable. Donc forcément ultra désirable.

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