La curation d'expositions mode

Je venais de quitter Chanel quand on m’a proposé de faire la curation de la RÉTROSPECTIVE AZZARO au Musée des Arts Décoratifs. N’ayant pas un parcours en histoire de la mode, comme souvent les commissaires d’exposition, j’étais assez impressionnée par cette demande.

Puis je me suis plongée dans 50 ans d’archives et j’ai réalisé que raconter cette histoire de la création correspondait exactement à mes analyses habituelles de style.

Pour la rétrospective, je n’ai pas adopté d’approche chronologique. J’ai préféré identifier les thèmes qui répondaient à deux critères : être au cœur du style d’Azzaro et résonner avec la période contemporaine. Je tenais à ce que les visiteurs ne gardent pas un souvenir d’une époque mais l’esprit d’un créateur et que cet esprit soit ultra désirable.

En 2018, j’avais déjà envie de cultiver l’esprit sulfureux et subversif des années 70, période de gloire d’Azzaro, et de partager cette vision d’une mode où les femmes se réapproprient les codes de l’ultra féminité et du sexy pour elles-mêmes et non plus pour le male glaze. Beyoncé en étant aujourd’hui la reine.

Dans mes recherches, j’ai particulièrement adoré me plonger dans les photographies des robes Azzaro par Guy Bourdin et Helmut Newton où le sexy est drôle. Une provocation qui a de l’esprit et de la beauté.

« Je voudrais une robe qui me remonte le moral et les seins.» demanda un jour Brigitte Bardot à Loris Azzaro. Moi aussi Brigitte, je demande souvent cela à mon dressing. Même en 2023.